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Depuis l’entrée en vigueur des normes IFRS au sein de l’Union européenne en 2005 pour les entreprises cotées et leur adoption progressive par de nombreux groupes français à l’international, le bilan comptable a profondément évolué. Cette mutation réglementaire visait à renforcer la comparabilité des états financiers entre entités de différentes juridictions, à améliorer la transparence vis-à-vis des investisseurs et à attirer plus efficacement les capitaux internationaux. En France, les sociétés cotées sont désormais tenues de présenter leurs comptes consolidés selon le référentiel IFRS, tandis que certaines grandes PME et ETI peuvent choisir de suivre cette voie pour optimiser leur visibilité auprès des marchés financiers et de leurs partenaires.
Cette transformation du cadre comptable pose une question centrale pour les professionnels de la finance et de la gestion : en quoi les normes IFRS modifient-elles la présentation et l’interprétation du bilan, et comment ces changements influent-ils sur l’analyse de la santé financière de l’entreprise ? Les divergences entre le Plan Comptable Général (PCG) et les normes internationales concernent aussi bien la valorisation des actifs et des passifs que le traitement des éléments hors bilan, la reconnaissance des recettes ou la consolidation des entités. Comprendre ces écarts est indispensable pour réaliser une évaluation précise et pertinente, que ce soit dans le cadre d’une analyse interne, de reporting réglementaire ou d’une opération de fusion-acquisition.
Pour répondre à ces enjeux, cet article s’attache à :
– Revoir les principes fondamentaux du bilan selon le PCG et les grands axes de la philosophie IFRS ,
– Identifier les principales divergences de traitement comptable entre ces référentiels ,
– Mesurer l’impact détaillé sur l’actif et sur le passif du bilan ainsi que sur les capitaux propres ,
– Évaluer les conséquences pour l’analyse financière à travers les ratios clés et les processus de due diligence ,
– Illustrer ces notions par des cas pratiques et proposer une méthodologie d’interprétation robuste, complétée par des outils et des ressources pertinentes.
Le bilan établi selon le Plan Comptable Général (PCG) se structure traditionnellement en deux volets : l’actif, classé en « actif immobilisé » et « actif circulant », et le passif, réparti entre « capitaux propres » et « dettes » (centres de coûts et autres passifs externes). Cette présentation obéit aux principes fondamentaux du référentiel français, parmi lesquels le principe du coût historique, le principe de prudence et celui de la continuité d’exploitation. En pratique, les immobilisations corporelles ou incorporelles sont inscrites pour leur valeur d’acquisition, minorée des amortissements et provisions, tandis que les stocks sont évalués au coût le plus bas entre coût d’acquisition et valeur nette de réalisation.
Le PCG accorde une importance prépondérante à la stabilité de la valorisation et à la limitation des risques de surévaluation, en privilégiant un modèle prudentiel. Les provisions pour dépréciation constituent un ajustement comptable visant à refléter les risques observés à la date de clôture, souvent après l’identification d’un risque avéré ou probable. Cette approche garantit une image fidèle mais parfois peu réactive aux variations de marché, ce qui peut rendre plus complexe la comparaison entre groupes opérant dans des contextes économiques dynamiques.
Les normes IFRS, élaborées par l’International Accounting Standards Board (IASB), reposent sur une hiérarchie de sources comprenant les IFRS (issues de 2001 à aujourd’hui), les IAS (International Accounting Standards antérieures à 2001), et les interprétations IFRIC/SIC. L’objectif de l’IASB est de délivrer un référentiel global qui privilégie la transparence, la pertinence et la comparabilité, au-delà des rigidités du coût historique. Parmi les principes généraux, on compte la juste valeur (fair value) comme base de mesure, le principe de substance over form, qui requiert que la substance économique prime sur la forme juridique, ainsi que l’actualisation, notamment pour les provisions et certains passifs financiers.
Plusieurs normes phares structurent l’approche IFRS : IFRS 9 sur les instruments financiers introduit un modèle de pertes de crédit attendues (ECL) et une classification fondée sur les caractéristiques des flux de trésorerie et le business model. IAS 36 définit les modalités de test d’impairment pour tout actif générateur de trésorerie, exigeant un test annuel pour le goodwill. IAS 37 encadre les provisions et passifs éventuels, tandis qu’IFRS 16 impose la reconnaissance sur bilan des contrats de location (leasing), traduisant ainsi plus fidèlement l’endettement et l’utilisation d’actifs détenus en location.
En IFRS, les actifs financiers sont classés selon trois catégories : « amortised cost » lorsque les flux contractuels sont remboursés dans un modèle économique de détention, « fair value through other comprehensive income » (FVOCI) pour les actifs détenus à des fins de collecte et de vente, et « fair value through profit or loss » (FVPL) pour les actifs de transaction ou ceux ne répondant pas aux critères précédents. Cette approche génère souvent une volatilité plus élevée dans le bilan puisque la juste valeur, fréquemment déterminée par des prix de marché ou des techniques d’évaluation, est postée directement en capitaux propres ou dans le compte de résultat.
Pour les immobilisations corporelles, le référentiel IFRS permet de choisir entre le modèle du coût historique (coût d’acquisition amorti) et le modèle de réévaluation périodique à la juste valeur. Cette option, parfois utilisée par les groupes du secteur industriel ou de l’énergie, peut accroître significativement la valeur nette comptable des actifs et influer sur le ratio d’endettement, tout en introduisant une volatilité liée aux évaluations périodiques du marché.
IAS 37 définit une provision comme une obligation actuelle résultant d’un événement passé, dont le règlement devrait entraîner une sortie de ressources. Contrairement au PCG, qui peut comptabiliser des provisions sur la base de critères de prudence parfois plus larges, les normes IFRS requièrent que l’estimation soit probable et mesurable de manière fiable. De plus, les provisions doivent être actualisées si l’effet temporel est significatif, ce qui entraîne un montant initialement plus faible pour une provision de long terme, mais un coût financier ultérieur à travers les charges d’intérêts.
Par ailleurs, les engagements hors bilan sont plus strictement encadrés : les passifs éventuels sont divulgués en annexe, mais non reconnus dans le bilan, à moins qu’ils ne remplissent les critères d’obligation actuelle. Cette distinction clarifie la visibilité des risques futurs et permet aux analystes de disposer d’informations plus précises sur les garanties, cautions et litiges potentiels.
Le traitement des instruments hybrides (combinaisons d’un passif et d’un capital) est largement détaillé dans IAS 32 et IFRS 9. Selon ces normes, l’émetteur doit séparer la composante passif (obligation contractuelle de verser des flux financiers) de la composante capitaux propres (option de conversion, droits attachés aux actionnaires). Cette séparation influe sur le montant des capitaux propres et sur la charge d’intérêt inscrite en résultat.
Les frais d’émission de titres (IPP, droits préférentiels de souscription) sont comptabilisés en déduction du produit de l’émission au sein des capitaux propres, alors qu’en PCG certains frais peuvent être immédiatement passés en charges. L’impact est double : il améliore les capitaux propres et lisse la charge sur la durée de vie de l’instrument.
Les stocks sont évalués selon IAS 2 au coût d’acquisition ou de production, majoré des coûts directement imputables, mais toujours au plus bas entre ce coût et la valeur nette de réalisation. Les différences avec le PCG sont souvent marginales, mais l’IFRS exclut explicitement certains frais indirects et impose une réévaluation systématique à chaque clôture.
Les contrats à long terme, notamment dans la construction ou les travaux publics, peuvent relever d’IFRS 15 pour la reconnaissance des revenus. Cette norme introduit une approche fondée sur le transfert progressif des contrôles, substituant au modèle de pourcentage d’avancement français une méthode plus granulaire, qui peut aboutir à un étalement différencié des marges et nécessiter des ajustements sur la marge contractuelle en cours d’exécution.
IFRS 9 a transformé la lecture de l’actif circulant en introduisant trois catégories distinctes pour les instruments financiers. Les titres de transaction, détenus à des fins de trading, sont obligatoirement évalués à la juste valeur avec impact direct sur le compte de résultat, ce qui peut générer de fortes fluctuations dans les actifs courants. Les titres destinés à être détenus jusqu’à maturité relèvent d’un modèle d’amortised cost, tandis que la catégorie FVOCI permet d’isoler la volatilité dans les fonds propres sans affecter directement la profitabilité immédiate. Cette nouvelle classification, associée à l’application d’un modèle de provisions pour pertes de crédit attendues (ECL), a conduit de nombreux grands groupes bancaires à renforcer leurs provisions en 2018 et 2019, représentant jusqu’à 15 % de hausse de leurs provisions globales.
Par ailleurs, l’obligation de passer en juste valeur certains dérivés et produits structurés oblige à des exercices d’évaluation complexes, faisant appel à des courbes de taux, des modèles de volatilité ou des données tierces (Level 2 et Level 3). Les variations de ces valeurs, souvent volatiles, peuvent peser significativement sur la valeur totale de l’actif circulant d’une entreprise financière ou d’une industrie exposée aux matières premières.
La norme IFRS 3 sur les regroupements d’entreprises impose de distinguer le goodwill des autres actifs incorporels identifiables. Ce dernier, issu de la différence entre prix d’acquisition et valeur nette des actifs acquis, n’est plus amorti systématiquement mais doit faire l’objet d’un test d’impairment annuel selon IAS 36. En pratique, cela signifie qu’un goodwill inscrit pour 100 M€ peut être réévalué à 80 M€ après test de dépréciation onéreux, générant une charge exceptionnelle et diminuant d’autant les capitaux propres.
De plus, IAS 38 autorise la capitalisation des coûts de recherche-développement lorsque des critères stricts (identifiabilité, générateur de flux économiques futurs) sont satisfaits. Cette possibilité, rarement exploitable en PCG, a permis à certains groupes technologiques de majorer leur actif incorporel de plusieurs dizaines de millions d’euros, renforçant ainsi leur ratio d’endettement et leur valorisation boursière par la prise en compte du potentiel de leurs innovations.
Avec l’entrée en vigueur d’IFRS 16 en janvier 2019, la plupart des contrats de location antérieurement traités en hors bilan selon IAS 17 sont désormais inscrits à l’actif sous la forme d’un « droit d’usage » (DUA) et, symétriquement, à long et court terme au passif comme une dette de leasing. Cette nouvelle approche accroît substantiellement le total du bilan : selon une étude de l’IASB, l’effet moyen sur le total de l’actif augmente de l’ordre de 10 % à 15 % pour les secteurs de la distribution et du transport.
Le passage d’un couple charge de loyer/loyer hors bilan à un amortissement du DUA et une charge d’intérêt engage une modification du ratio d’endettement (le gearing se détériore initialement) et du fonds de roulement (les engagements de location sont désormais pris en compte dans le calcul du besoin en fonds de roulement). Cette mutation nécessite une analyse fine de la structure financière et la refonte des covenants bancaires, souvent fondés sur des planchers de fonds propres et des plafonds d’endettement.
En IFRS, la distinction entre dettes courantes et non courantes suit l’échéance contractuelle, mais les entités ont également l’option de mesurer certaines dettes à la juste valeur (FVPL), notamment celles liées à des instruments dérivés assimilés à des passifs financiers. Cette option peut décaler la charge d’intérêt comptabilisée en charge financière, remplaçant un coût amorti par des variations de fair value. Le résultat net devient ainsi plus sensible aux fluctuations de marché, mais plus représentatif de l’exposition réelle de l’entreprise.
Les provisions normales requièrent trois conditions cumulatives : obligation actuelle résultant d’un événement passé, sortie probable de ressources et évaluation fiable. Cette rigueur conduit souvent à une délimitation plus restreinte qu’en PCG, mais leur actualisation (au taux de marché sans risque) peut significativement réduire la provision comptabilisée à la date de clôture. Par exemple, une provision pour remise en état de site minier estimée à 5 M€ actualisée sur dix ans à 2 % génère un produit financier implicite et une charge de désactualisation représentant jusqu’à 200 k€ par an.
Les provisions pour risques environnementaux, souvent importantes dans les secteurs chimique ou pétrolier, doivent être identifiées et détaillées en annexe, avec des hypothèses claires sur les dates de sortie de ressources et les taux de discount. Cela renforce la comparabilité entre acteurs et assure une information plus transparente pour les investisseurs et les régulateurs.
IAS 19 distingue la charge de service courant, la charge d’intérêt et les ajustements actuariels. L’évaluation de l’obligation de retraite repose sur des hypothèses démographiques et financières (taux d’actualisation, taux de rotation du personnel, espérance de vie, inflation salariale). Les fluctuations de ces hypothèses peuvent générer des ajustements actuariels annuels importants, directement inscrits en autres éléments du résultat global et neutralisés dans les capitaux propres.
Par exemple, la révision d’un taux de capitalisation de 3,5 % à 3 % peut accroître l’engagement de retraite d’une entreprise aéronautique de 8 %, représentant plusieurs dizaines de millions d’euros de passif supplémentaire et réduisant d’autant les capitaux propres sans passer par le compte de résultat traditionnel.
Les instruments financiers composés, tels que des obligations convertibles, sont répartis en composante passif (valeur actuelle des flux futurs) et composante capitaux propres (valeur résiduelle). Cette séparation peut réduire la charge d’intérêt comptabilisée et augmenter les capitaux propres, même si elle complexifie la lecture des dettes financières. De plus, la variation de juste valeur des dérivés de capitaux propres est directement portée en capitaux propres, sans impact sur le résultat, permettant de limiter la volatilité du compte de résultat.
Le rachat d’actions (actions propres) est présenté en déduction des capitaux propres, tandis que les frais d’émission de titres sont directement imputés sur la rubrique « prime d’émission ». Cette présentation, plus fidèle à la substance économique, rétablit une vision claire du capital réellement libéré par les actionnaires et évite toute surévaluation des capitaux propres.
Les ajustements IFRS, notamment les réévaluations d’actifs et l’activation des droits d’usage, modifient sensiblement les ratios financiers. Le gearing (dettes nettes/capitaux propres) est souvent plus élevé, tandis que le ratio de solvabilité (capitaux propres/total bilan) diminue. Par exemple, l’activation des droits d’usage (DUA) chez un grand distributeur a entraîné une hausse de 12 % du total bilan et une dégradation de 3 points du ratio de solvabilité.
En matière de liquidité, l’éclatement du passif de leasing entre échéances courantes et non courantes renforce la rigueur du suivi du fonds de roulement. Les analystes doivent recalculer le besoin en fonds de roulement en excluant les DUA pour une lecture comparable, ou intégrer ces dettes à leur modèle de trésorerie pour refléter l’utilisation réelle des lignes de crédit.
L’application de la juste valeur pour de nombreux instruments financiers et pour certains actifs immobilisés accroît la volatilité du résultat et des capitaux propres. Les tests d’impairment annuels du goodwill peuvent générer des pertes significatives et ponctuelles, affectant la comparabilité d’une année sur l’autre. Cette variabilité requiert une analyse en autres éléments du résultat global (OCI) pour distinguer les fluctuations non récurrentes des performances opérationnelles sous-jacentes.
Pour préserver la lisibilité, les rapports financiers IFRS intègrent souvent des « measures » non-GAAP, comme l’EBITDA adjusted, qui neutralisent les impacts des réévaluations ou des impairments, facilitant ainsi la communication avec les investisseurs et les agences de notation.
Dans le cadre d’opérations de fusion-acquisition, la valorisation d’une cible aux normes IFRS nécessite des ajustements comptables pour harmoniser les méthodes de reconnaissance et de mesure. Les acheteurs doivent retraiter les bilans antérieurs établis en PCG pour évaluer les écarts de juste valeur, les provisions éventuelles non reconnues et les engagements hors bilan. Cette démarche de due diligence intensifiée permet de sécuriser les synergies prévues et d’anticiper les risques latents, notamment en matière environnementale ou de contrats de location masquer.
De plus, la variabilité potentielle des tests d’impairment et des évaluations financières rend l’exécution de clauses d’earn-out ou de mécanismes de prix variable plus complexe, exigeant des conditions de révision transparentes et rigoureuses pour préserver l’équilibre financier et la confiance entre parties prenantes.
Prenons l’exemple d’une entreprise industrielle cotée. Au 31 décembre 2022, son bilan PCG présentait un actif total de 500 M€, composé pour 300 M€ d’immobilisations corporelles à coût historique, 50 M€ de stocks et 150 M€ d’actifs circulants financiers. En IFRS, après réévaluation des actifs corporels (+20 M€), activation des droits d’usage (+40 M€) et ajustement des provisions pour pertes de crédit (+5 M€), l’actif total passe à 565 M€. Du côté du passif, la mise en bilan des DUA a généré une dette de leasing de 40 M€, tandis que l’actualisation de provisions a minoré les provisions de 3 M€.
Résultat : le ratio de solvabilité (capitaux propres/total bilan) passe de 40 % en PCG à 36 % en IFRS, et le gearing (dettes nettes/capitaux propres) passe de 1,2 à 1,5. Cette illustration chiffrée démontre la nécessité pour les analystes de recalculer les ratios selon le référentiel approprié pour éviter toute distorsion dans l’évaluation de la structure financière.
Une PME technologique française a opté pour l’IFRS à partir de l’exercice 2020 pour séduire des investisseurs étrangers. La principale difficulté résidait dans la mise à niveau du système d’information comptable, qui nécessitait l’intégration d’outils d’évaluation de la juste valeur et de gestion des contrats de leasing. Les équipes ont dû suivre une formation IFRS couvrant IAS 36, IFRS 16 et IFRS 15, et recruter un contrôleur de gestion spécialisé. Le coût initial de cette migration a représenté environ 0,5 % du chiffre d’affaires, mais les bénéfices attendus incluaient une meilleure valorisation boursière et l’accès à de nouvelles lignes de crédit internationales.
À l’issue de la première année IFRS, la PME a constaté une hausse de 10 % de sa valeur d’entreprise, principalement due à la capitalisation des dépenses de développement et au renforcement de la transparence financière. Les investisseurs ont salué la qualité de l’information délivrée, facilitant la négociation d’une levée de fonds de 15 M€ en 2021.
Pour analyser efficacement un bilan IFRS, plusieurs étapes se révèlent incontournables. Tout d’abord, il convient d’identifier précisément les différences de référentiel entre PCG et IFRS : classification des instruments financiers, modèle d’évaluation des immobilisations, traitement des provisions et des contrats de location. Ensuite, des ajustements chiffrés doivent être réalisés pour retraiter le bilan précédent et garantir une base de comparaison homogène. La troisième phase consiste à recalculer les principaux ratios financiers (solvabilité, liquidité, rentabilité) après retraitements IFRS, afin de mesurer l’impact global et sectoriel. Enfin, l’analyse de sensibilité des principales hypothèses (taux d’actualisation, juste valeur, échéances de provisions) permet d’anticiper les effets de scénarios défavorables ou de variations de marché.
Plusieurs outils facilitent la consolidation et l’analyse IFRS. Les solutions de planification et consolidation comme SAP BPC, OneStream ou Tagetik intègrent des fonctionnalités dédiées au traitement des normes IFRS, incluant la gestion des tests d’impairment et des flux de leasing. Les bases de données de l’EFRAG, de l’ANC et de la IFRS Foundation fournissent des interprétations officielles, des guides pratiques et des études d’impact. Enfin, des formations spécialisées délivrées par des cabinets de conseil ou des organismes de formation assurent une montée en compétences régulière pour les équipes financières.
Face à l’évolution constante des référentiels, une veille normative proactive est essentielle. Les entreprises doivent anticiper l’application des nouvelles normes telles qu’IFRS 17 sur les contrats d’assurance et les prochains standards relatifs à la durabilité (Sustainability Reporting) qui remettront encore une fois en question la présentation du bilan et des informations extra-financières. Le développement de compétences internes dédiées, couplé à la digitalisation des processus comptables, permettra de gagner en réactivité et en fiabilité.
Par ailleurs, une collaboration étroite entre départements finance, juridique et développement durable renforcera la cohérence des données et la robustesse des hypothèses retenues pour les évaluations. En intégrant l’analyse de la performance extra-financière dès la phase de clôture, les entreprises pourront mieux répondre aux attentes des investisseurs responsables et des régulateurs. Enfin, la mise en place d’indicateurs clés de suivi (key performance indicators) adaptés au contexte IFRS assurera un pilotage performant et facilitera la communication financière sur les marchés domestiques et internationaux.